31 décembre 2008

Bonne année


Les Vèpres sonnaient quand nous passions l'église d'Alésia dimanche
Il faisait nuit noire sur Paris
seules les décorations de Noël éclairaient rues et boutiques
et depuis hier , sous un ciel bleu , nous avons retrouvé Perros !
Ce matin ,aux aurores , le ciel était rouge
des nuages couleur ardoise
couvraient à peine la voûte bleu ciel
des troncs noirs et des branchioles se tendaient
comme si la terre s'époumonait !
dans la matinée ,on découvrait alors un paysage à la TURNER ...
toute la côte était noyée dans une brume rose
et les environs proches étaient givrés
comme pour s'excuser , les températures glaciales saupoudraient la région de sucre glace !
C'est ce paysage , pareil à une petite carte de voeux que j'offre à tous ceux qui me lisent , en guise de Bonne Année 2009

22 décembre 2008

Boule de Neige

Arlette – Lou Anne – Sonia – Katia – Pauline – Alix – Alysée – Dany – Ganech – Raymond – Chantal – Alexandre – Michel – Katy – Alix – Denis – Edgar – Valou – Erig – Claude – Gabrielle – Xavier – Béatrice – Agathe – Brieuc – Jean Claude – Marie Jo – Katherine – Signy – Michel – Marie Claude – Christian – Dominique – Jean François – Gala – Ubu – Brigitte – Pierre - Germaine – Rudy – Christiane – Fanny – Caroline – Pierre – Ana – Louis – Christiane – Serge – Mireille – Marie – Yannick – Claude – Dominique – Nathalie – Julie – Fifi – Brigitte – Loulou – Sophie
Merci à tous ces prénoms qui ont peuplé mes vacances
Merci à CORSAIR de nous avoir fait bien voyager
Et depuis hier , c’est gris !
Paris est sous une chape grise , comme dans une boule de neige , mais sans flocons :
Les gens se pressent dans les rues , les bras chargés de cadeaux , le sourire aux lèvres , tels des petits personnages et partout , les lumières scintillent : les plus belles éclatent sur le toit de l’Hotel de Ville comme des étoiles filantes
Joyeux Noël

18 décembre 2008

"dans cette île , le ciel baille d'ennui..."

plus que quelques heures sous le soleil ; les valises sont déjà ouvertes et petit à petit s'emplissent de bonnes et belles choses : la bouteille de schrubb , les pots de piments préparés par les grandes soeurs , le sucre de canne qui sent le rhum , les avocats du jardin de Pierre , les livres créoles , quelques beaux coquillages , un bernard -l'hermitte que j'ai formolé pour mon p'tit loup , petites pinces rouges réfugiées dans un coquillage tout hérissé de coraux , une écaille de tortue que j'ai ramassée ce matin sur la plage et , le plus insolite , un petit crâne d'iguane sèché et blanchi par le soleil ,qui trouvera sa place dans mon cabinet de curiosité .

Et les souvenirs
et la cuisine familiale , qu'on ne mange même pas dans les restaurants , car les recettes ne quittent pas les fonds des cuisines indiennes : le massalè , écrasé sur la pierre héritée de mère en fille et préparé juste avant de cuire le colombo pour ne pas perdre le parfum des épices ,et le moulinkilè,et les zébafè (les herbes à fer ) que les aïeuls ont rapportées de là bas , des côtes Malabar , de Madras et que seules les familles indiennes savent cuisiner , les parokas , avelkas , pikengas , malengas,qui , en fait n'ont peut-être même pas d'orthographe précise , que j'écris comme je l'entends , ces mots qui ont quitté l'Inde dans les années mille huit cent soixante et sont arrivés en terre française , ces mots bizarres pour tant de monde et qui pour moi sont la famille !
et le créole et son accent si doux et si chantant

Et Caroline , ma filleule avec qui j'ai peut-être le plus d'affinité , qui s'occupe de moi , m'offre un capuccino et aussitôt me conseille un thé vert qui "brûle les graisses.."

Et Dany
si je devais trouver un modèle pour peindre le visage de la Sainte Vierge , ce serait elle que je ferais poser :un visage parfait , de grandes paupières que la vie a beaucoup creusées , qui rayonne à nouveau .
Et un sourire , un rire tel qu'on se demande si son visage sera assez grand pour lui tellement il prend toute la place et qui plisse les paupières en forme d'étoile !!! Un sourire qu'elle a offert en héritage à son fils prénommé comme le dieu hindou des éléphants .

15 décembre 2008

L'Atelier du Moulin " à Moule

Eh bien voila , je les ai plongées dans la terre !
Mes mains ont pétri , écrasé , colombiné , mouillé , lissé , gratté , plaqué , mireté , galeté , engobé avec du kaolin , du manganèse , de l’oxyde de fer .
Et aujourd’hui , je me retrouve face à deux petites sirènes qui vont faire le voyage jusqu'à Perros-Guirec .
Toutes les fins de semaine , je me retrouvais au Moule avec quelques amies chez Mireille et Marie , les professeurs de poterie .Et , à l’ombre des multipliants et du jasmin qui dégringole de la tonnelle et nous chatouille les narines ( en effet , une grappe de fleur pend au niveau de notre visage et chaque fois qu’une élève passe devant , elle ne peut l’éviter , elle plaque alors son nez sur la fleur pour sentir encore et encore son parfum capiteux ) nous façonnons nos œuvres en terre .
Parfois , tout va , parfois , rien ne va et je me sens alors bien empotée : quand ma pièce manque se casser la figure en même temps que mon moral , arrive Marie qui , d’une bonne claque , remet tout l’échafaudage sur le droit chemin !
Très vite arrive l’heure du thé et Mireille , la maman nous sert un « Montagne de Jade « qui ne peut que nous donner encore plus de bonne humeur .
Parfois Paolo ou Léonard nous accompagent ( Conte ou Cohen .. )
Souvent nous parlons de littérature et de poésie et parfois aussi : » pensez vous qu’Angélina Joli va rester avec Brad Pitt ? «
Ça c’est Ana , ex-prof à l’ESSEC !!!
C’est cela la vraie vie , surtout ne pas se prendre au sérieux , jamais jamais , jamais .
Quelquefois on copie une pièce maîtresse , comme Christiane et son oiseau de Véra Cruz ou Ana avec une coupe cérémonielle Hogon, ou Yannick avec ses icones , ou Claude avec son masque Fang ou Dominique avec sa coupe Taïnos que Nathalie fait briller en y passant un petit galet : Nathalie ou « phare à mobylette « car c’est ainsi qu’on la surnommait dans la cour de récréation quand elle était petite car ses yeux sont très proéminents ! elle nous a bien fait rire quand elle nous a raconté cette anecdote un peu cruelle , surtout qu'elle est ra-vi-ssan-te !
Quant à moi , j’ai beaucoup de plaisir à faire des pièces personnelles comme mes danseuses ou aujourd’hui , mes petites sirènes : quand j’explique à Mireille ce que j’aimerais créer , elle rit de mes lubies mais aussitôt elle me suit dans mes « qu’est-ce-que c’est ce truc « comme a l’habitude de les nommer mon mien…

J’aime voir les doigts de Marie travailler la terre : quelle élégance dans ses gestes ,quelle dextérité , vous savez , cette façon de faire croire que tout est simple ,parce que tout ce qui sort de ses mains est parfait ;ce don inné mais aussi acquis au cours de ses jeunes années auprès de Mireille , sa mère, qui, non seulement a le savoir-faire mais un bagage intellectuel tellement riche qu’elle nous ravit et nous étonne : elle nous a fait découvrir le Monde TAINOS qu’elle a connu lors de fouilles quand ,sur une plage tout près de chez elle , on a trouvé des morceaux de poteries datant des premiers habitants de l’île , bien avant l’arrivée de Christophe Colomb .Elle a alors appris la restauration de ces objets qui appartiennent à présent aux musées .
C’est Mireille Prompt qui m’a fait lire Aimé Césaire et bien d’autres écrivains et chez qui je retrouvais l’ambiance chaleureuse des ateliers d’artistes .
De fréquenter l’atelier de poterie est aussi important que le soleil et la mer lors de mes vacances aux Antilles .

11 décembre 2008

Humeur maussade


Hier ce fut un jour sans
sans soleil
sans alizés
sans vie trépidante
avec pluies
et vents mauvais
avec grève générale
avec barrage sur les routes
avec tremblement de terre

et Montserrat qui tousse
qui tousse
et tout le monde s'en fout
déjà de gran bon heur
la mer était mauvaise
les vagues en overdose
crachant des coquilles brisées
et pendant ce temps

l’île paralysée
notre presqu’île coupée du monde
sans denrées aux étalages
sans camions de livraison
Les rideaux de fer baissés
et sur le port
un cimetière d’éponges
et puis ces trois secousses
fortes
nous précipitant au jardin
et derrière la haie d’hibiscus
Maddly notre si jolie voisine
tremblante
les jambes en coton
et un gros éclat de rire
pour que la vie continue



Seul bonheur
Jean Marie Gustave Le Clézio
recevant à Oslo
son Prix Nobel de Littérature


lu dans "Le nouvel Obs
" Un Nobel anti-parisien
Le Clézio, l'ami public
Par Jérôme Garcin
Le lendemain de l'attribution du Nobel de littérature, Houellebecq et Lévy étaient les invités de France-Inter. Interrogés sur
Le Clézio, le premier a bredouillé qu'il ne l'avait jamais lu et le second s'est tu. Leur silence était éloquent. Il exprimait tout ce qui sépare les «ennemis publics», qui sont des stratèges de la communication et ont un fiévreux souci de leur image, de l'auteur de «Désert», qui se cache pour écrire et ne s'est jamais préféré. C'est un candide, et ils sont si rusés.
Mais le fossé est plus profond. Houellebecq et Lévy adorent leur époque, à laquelle ils collent parfaitement et dont leurs livres, pourtant différents, sont les miroirs grossissants; Le Clézio la déteste, la fuit, la combat, c'est, ont dit les Nobel, «un écrivain de la rupture». Il préfère les maisons en pisé du Michoacan aux gratte-ciel de New York et les mirages des mondes disparus aux chimères de la mondialisation. Pour avoir osé, il y a vingt ans, célébrer, avec «le Rêve mexicain», le génie de la civilisation aztèque, avant que les troupes espagnoles n'en eussent éradiqué les oeuvres et les mythes, Le Clézio fut traité de «barbare païen» et d'apologiste du «fascisme aztèque» par
Guy Scarpetta dans «Globe»; et pour avoir donné une nouvelle à la «Revue d'études palestiniennes», «le bon sauvage» fut, dans le même «Globe», accusé par Bernard-Henri Lévy d'être «un anti-sioniste déchaîné».
Depuis, le procès en obscurantisme n'a jamais cessé. Paris n'aime pas qu'on lui préfère les plaines arides, les montagnes sèches et les ciels sans fumée. Paris n'aime pas qu'on se refuse à elle et qu'on ne sacrifie pas à ses modes. On ne compte plus les clercs qui ont stigmatisé l'idéaliste baden-powellien refusant l'idée de progrès et les miracles technologiques; le protecteur des baleines grises de Californie; le croisé viking de Robert Redford et de Nicolas Hulot; l'écrivain à la prose trop simple, trop nue, alors qu'elle n'est que limpide, douce comme un galet poli par les vagues du temps et décoré par un peintre naïf. Car il se méfie de la phrase précieuse comme les Indiens des luxueuses étoffes de Cortés, comme les naturistes des textiles. Il tient que la fonction de l'écrivain est de nommer, pas d'enjoliver.
Pourquoi tant d'acrimonie, sinon parce que les contemporains de l'auteur du «Procès- verbal» ont perdu leurs illusions et pactisé avec une société qu'autrefois ils ambitionnaient de changer? Ils ont pris le pouvoir et grossi leur compte en banque. Le Clézio, lui, n'a pas changé. A 68 ans, il a une allure de jeune homme timide, il est trop sincère pour briller dans la conversation, trop nomade pour s'accommoder du climat germanopratin, il demeure fidèle aux utopies et aux indignations qui mettent sa littérature à hauteur d'homme, il demeure du côté des déracinés et des parias de l'Occident.
Lorsque, le mois dernier, nous marchions sur la lande bretonne, il m'a raconté cette anecdote: un jour qu'il arpentait avec Georges Lambrichs le boulevard Saint-Germain, il croisa Jean-Edern Hallier, qui refusa de lui serrer la main. Le parangon de l'opportunisme ne pouvait pas supporter l'image du désintéressement ni le bouffon, l'écrivain. Tout un symbole.
On a beaucoup répété que le prix Nobel décerné à Le Clézio donnait tort à Donald Morrison, coupable d'avoir proclamé à la une de «Time»
«la mort de la culture française». On n'a pas assez dit qu'il clouait d'abord le bec à tous les cyniques parisiens qui ont rangé cette oeuvre majeure dans la collection «Signes de piste» et parlé de lui comme, jadis, les riches colons parlaient des indigènes. Avec de la morgue, et un fouet. Merci, Stockholm."





Et en ce jour sans
un prix citron
pour « La Tatie Danièle « de la famille
car dans toute famille qui se respecte
on trouve toujours la tatie acariâtre

faisant peur aux petits enfants
radin et tout le tralala...

Point final
Demain , un autre jour
Avec soleil , chaleur douce
Et rencontres positives
Qui nous donnent des ailes
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09 décembre 2008

Huit heures tapantes

Quand je libérais des filets éponges , coraux et coquillages , j’ai rencontré Brigitte qui baignait sa petite briarde : je faisais de la gymn aquatique avec elle et une bande d’amies .
Elle m’a donc dit : " à lundi ".
Hier donc , je me suis levée tôt et j’ai marché jusqu’à La Coulée pour y être à huit heures

la mer était d’huile
les fonds bien clairs .
On voyait distinctement au large

La Désirade , Marie-Galante , la Dominique et les Saintes
seule la Soufrière était auréolée de nuage ;
Sur notre droite , un vol de frégates encerclait un banc de poissons

elles plongeaient et pêchaient , les engloutissant comme des affamées .
Et je me disais : " quel luxe de faire ses abdo avec comme seule compagnie de minuscules poissons tout noirs ou multicolores " .

Et puis , il y a Dominique , la sœur de Marie Claude , autre beauté ,différente ,« bollywoodienne » , comme les femmes de l’Inde du nord , sauf que ses aïeuls viennent des côtes Malabar.

Indo-européenne tellement la symbiose est frappante entre elle et J François ; un beau métissage amoureux !

08 décembre 2008

"En famille "


La famille est grande , grande et chacun veut nous recevoir !
Tous les soirs après seize heures , je me rends chez une belle sœur où je peux blogger : c’est l’heure de son feuilleton à l’eau de rose , brésilien ou vénézuelien , donc on ne parle pas ; car sinon c’est bla bla bla et bla bla bla en longueur de journée
C’est l’heure ou arrive Fanny de son école : elle est maîtresse !

C'est sa fille .
Elle traverse l’allée du jardin , bordée de cocotiers , comme si elle était sur un podium : car elle est longue , très longue et sa marche est très distinguée : elle étire son mètre soixante dix neuf avec ses hanches androgynes et son visage mystérieux , triste non , mais sérieux ; d’immenses yeux bordés de cils très fournis , un visage de madone !

( Si je devais l'imaginer , ce serait en Jean Paul Gauthier dans sa collection "Frida Khalo " et ses madones auréolées , qu'il avait imaginée il y a trois ou quatre ans ).
Elle dépose son sac dans sa chambre , revient dans le salon , s’appuie sur le chambranle de la porte , me regarde et soupire :
«Tatie , ils sont insupportables … j’en ai deux hyper actifs … Je ne sais plus quoi en faire … «
Heureusement , très vite elle se détend en demandant à sa mère de lui résumer le dernier épisode de « Marina « !

Et puis il y a Marie Claude qui nous a cuisiné un déjeuner tout en finesse samedi midi :
Tout en dégustant le ti-punch , on s’est plongés dans son album de photos et c’est là que j’ai découvert sa ressemblance avec Indira Gandhi : ou comme on le voit peint sur les miniatures indiennes ; ces femmes aux yeux très fendus , la paupière supérieure très bombée et le profil droit ; il ne manque que la mèche de cheveux blancs !
C’est surtout quand elle était jeune , en prépa à Janson , que la ressemblance est troublante :
« Marie Claude au Jardin du Luxembourg «
« Marie Claude à St Michel «
« Marie Claude à St Germain «
« Marie Claude dans sa résidence universitaire avec toute sa bande de copains «
C’est toujours avec autant de plaisir qu’on redécouvre les vieilles photos de famille !

Et puis il y a Dominique , Dany et toutes les autres Demain peut-être

Corail - coraux


Avant-hier ,samedi , alors que j’arrivais à la Coulée , des pêcheurs nettoyaient leurs filets .
Je leur ai donné un coup de main et j’ai délivré des mailles cette superbe nature morte aux éponges et aux coquillages .Un drame que cette pêche au filet qui arrache les fonds marins : c’est bien simple , les éponges saignaient !

06 décembre 2008

Ylang-ylang

« Venez diner jeudi à dix huit heures ! » nous avait dit Signy .*
Je voulais trouver une petite corbeille tressée pour y déposer les fleurs d’ylang-ylang que mon mien avait fraîchement cueillies pour les offrir à Signy .
Avant-hier donc , je me trouve à St François autour du marché .
A la boutique du Syrien , j’entre lui dire bonjour : il est là .
Entre l’accolade ou un semblant de baise main , il a un moment d’ hésitation , tout troublé de me voir apparaître entre ses rouleaux de madras !
L’émotion dissipée , nous parlons de tout et de rien , de la famille , des enfants , du pays ;
Je prends congé et je continue ma ballade .
Deux boutiques plus loin , je trouve mon bonheur , enfin , pas de corbeille mais un morceau de gorgone qui , j’en suis sûre , aura sa place dans le salon de Signy , sous le miroir entouré de coquillages et la Nature morte peinte par elle dans mon atelier ou tout près d’une de mes « Courtisanes » . L’accent de la vendeuse m’incitant à arrêter là mon choix : il venait de Montréal comme Signy .
Et je continue à marcher dans le bourg , devant l’église , décidée à aller saluer madame ISSA , l’épouse du Syrien , dont la boutique est sur mon chemin .
J’entre dans le vaste magasin empli de robes des » Mille et une nuit « en satin ou velours avec perles et pampilles et incrustées de paillettes , de chapeaux et sacs assortis , de robes de baptème …
Mes yeux se perdent dans le bazar et je la cherche au milieu des portants de prêt-à-porter : elle est là à son poste , immuable , devant la caisse au fond de la boutique , une cafetière devant elle , genre café turc !
Madame Issa , fidèle à elle –même , les yeux cernés de noir des femmes d’Arabie , les paupières lourdes , le regard vaguement perdu , triste et embué, résultats de trop de sucreries , d’ennui ou tout simplement , ce regard d’émigrants que je connais si bien , sur cette terre qui ne sera jamais la sienne : car elle est fidèle à sa terre de Damas qu’elle rejoint chaque année et d’où elle revient parfois accompagnée d’une petite campagnarde , quand elle devine dans les yeux de son fils qu’elle n’a pas vu grandir , ce désir pour les belles filles d’ici !
Cette petite campagnarde qui deviendra sienne et qui trouvera naturellement sa place devant la caisse enregistreuse au fond d’une boutique de tissu et de vêtements à bas-prix .
Je jette un coup d’œil sur ses portants et j’essaie une ravissante liquette en voile de coton aux motifs persans : de petits plis religieux partant du col « Mao « et des épaules et formant la souplesse de la tunique . Madame Issa me préfère dans celle aux motifs turquoise , moi j’opte pour le fond noir : elle prend l’étiquette entre ses doigts et la fixe longuement , longuement : je sais qu’elle compte , qu’elle est entrain de calculer le montant de la réduction qu’elle va me faire en guise de cadeau !
Cette communauté est extrèmement attachante : sont-ils heureux , je ne le sais pas ; au fond de leur boutique , sous leurs icones , car ils sont chrétiens , assis tout le jour devant leur caisse , ils sont comme des ombres dans ce paradis …


*www.aubergeknowlton.ca

01 décembre 2008

La Nuit

La nuit , quand ma chambre est toute zèbrée des lumières du port que filtrent les jalousies , j’aime me lever et regarder au-delà de ces persiennes blanches comme mes nuits .
Le ciel est noir , outrenoir , comme le dit Pierre Soulages ;
sur ce fond impénétrable , se détachent très haut , les palmes vert-de-gris d’un cocotier , battant la nuit asphyxiée d’un rythme languissant , telles des plumes d’autruche légères et duveteuses .
Le sol est taché de vert-fluo , sous les halos des lampadaires hallogènes
Le bassin , tel un miroir reflète les plots des pontons
Dans ce ciel sans étoiles pointent les mâts comme une armée de lances blanches
Et derrière les jalousies qui courent sur toute la longueur de ma petite chambre , un bouquet de multipliants se détache , encore plus noir , comme des ombres chinoises .
Les pales du ventilateur ronronnent ; quelques grenouilles croassent , attendant l’ondée tropicale qui donnera le « la » de leur sempiternelle chorale ;
Je ne dors pas , je pense et je lis Irène Frain : quel bon choix pour les vacances de partir avec son héro botaniste au fin fond de la Chine à la recherche d’espèces rares , orchidées bleues et pivoines noires !
Souvent je ne m’endors qu’à l’arrivée de l’aube , quand tout devient gris .
Quand je m’éveille , la chambre est baignée de lumière et l’ombre des jalousies tracent des raies grises sur le mur blanc , en ombres portées .
Seules les tentures de l’alcove et leurs motifs de bambous verts donnent la réplique au jardinet

et sous le gardénia en fleur
Une autre journée commence .

"...vent sur Télumée Miracle "

Depuis ,jeudi où nous avons passé la soirée à Iguana Bay
La houle est très forte et cette nuit-là , «plus noire que hier soir « ( c’est une image créole )
C’était un vrai tintamarre dans la cocoteraie .
On ne s’entendait pas , il y avait tellement de vent qu’il a fallu mettre un pull !
La mer en aplomb de la terrasse ,était en furie et on percevait comme des coups de tonnerre , des explosions sous-marine et on imaginait facilement les coraux craquer dans la houle et les tortues faire les auto-tamponneuses !!!
Il a fallu terminer la soirée dans le salon
Et le lendemain , la radio nous apprenait que la terre avait tremblé à Terre-de-Bas aux Saintes
Toutes ces manifestations naturelles devaient être liées ;
Et depuis , les alizés soufflent , soufflent



("Pluie et vent sur Télumée Miracle " un magnifique roman de la Guadeloupéenne Nicole SWARTZ-BART )