24 octobre 2008

Fin de saison


Les mimosas fleurissent
les camélias boutonnent
les dernières fleurs de fushia tremblottent au bout des tiges décharnées
telles les « dormeuses « de vieilles princesses
le sol est tapissé de bogues de châtaignes
et de glands , comme des olives sienne
De minuscules cyclamens parsèment les talus

on ferme la maison

elle s’ouvrira avec les primevères
les violettes et les jonquilles

19 octobre 2008

"...C'était l'automne , un automne où il faisait beau..."

La mer est d’un calme depuis une semaine
Tel un lac , d’un bleu-miroir
quelques ridules en guise de vague
comme des anneaux sur l’eau
le ciel immense est souvent rose
à midi !
au dessus de l’horizon
un collier de perles de nuage
des bulles
qu’un enfant aurait soufflé avec une paille
et sur notre tête
une couverture de ouate
drôle de ciel
si beau
si serein
tandis que là-bas "Omar " a soufflé tant et tant !

16 octobre 2008

Elouan


ce fut le dernier de mes petits modèles de l'été .

Elouan , , un enfant qui a du mal à rester en place , toujours à taper dans un ballon de foot : avec un papa sportif de haut niveau , il ne fallait pas s'attendre à autre chose .

Pour poser , il est resté presque une heure , sans rien dire : un gentil-gentil garçonnet : beaucoup de douceur et plein d'énergie !


j'ai reçu un superbe bouquet de fleurs ce matin !

quelle surprise et , comme pour toutes les bonnes surprises , j'ai été très émue .

merci beaucoup et vous direz à votre petit garçon , que j'ai eu les larmes aux yeux devant cette composition de roses et de marguerites .

Bises bises à vous quatre annie

Aquarelle

et puis ,à midi
tout se colorise sous le soleil
le ciel ,d'un petit bleu
la mer , presque turquoise ,
derrière la pointe de Ploumanach ,
violette , au dessus des rochers qu'elle recouvre
les pins , vert-pin
le granit du pignon se réchauffe d'ocre
on est presque éblouis
par le blanc laqué des adirondacks
le gris ne dure jamais
sur la côte de granit rose

Grisaille

Derrière les « vitrines «*
comme le dit mon p’tit loup
ce jour levant est en noir et blanc
A peine un indigo très foncé sur la mer
Comme un mirage
puis tout devient blanc : ciel et mer
avec toutefois un gris à peine verdâtre
un vert-de-gris pour employer le terme parfait
sur les flots
Les pins maritimes se détachent très noirs
comme des ombres chinoises devant ce décor incolore

A droite du champ visuel
un pignon de granit bleu et son toit d’ardoise grise
Il pleut et il vente
Il va falloir rentrer les « adirondacks »
Et le petit seau en plastique orange des « babylou »
Qui traînent encore sur la terrasse


* les baies vitrées du salon

15 octobre 2008

OMAR

je reçois un mail de mon poète favori qui m'annonce qu'un cyclone arrive sur la Guadeloupe :

"Depuis hier soir nous sommes en alerte orange et attendons l'arrivée du cyclone OMAR, le bien nommé. Qui a pris naissance dans la mer des Caraïbes.Saint Barth et St Martin sont sur sa trajectoire pour la nuit. En Guadeloupe, côte sous le vent (Moule, Basse-Terre... etc) et les Saintes en particulier, la houle sera forte, entre 2m50 et 3 m... Si malheureusement il y a une victime (ce que je ne souhaite pas) je vois déjà le titre à la une de F.A. :"Omar l'a tuer".J'espère que vos villas cachées des iles du Nord sont bien protégées. Marcel peut aller voir sa trajectoire sur la météo des cyclones. Pour le moment tout est calme, il y a même du soleil, mais un peu de vent... Alex et Chantal ne sont pas encore rentrés, moi j'ai fait du ciment et me prépare pour cuisiner le thon en daube et le riz à la Annie, c'est-à-dire très bon (j'espère), comme elle sait le faire ...A bientôt.Rémon"

ce soir ,je ferai une longue prière à Sainte Anne pour lui demander de mettre l'île sous sa protection

14 octobre 2008

"Les Anges bleus "







Mon ami et poète Raymond Joyeux , mon échotier des Tropiques , m'a appris le départ de Jérôme HOFF, peintre des Saintes que personne ne prenait au sérieux , sauf moi et quelques autres artistes et poètes .
Un jour que nous descendions du Fort Napoléon , je criai à mon chauffeur :"Stop"
je venais de voir , sur le bord de la route une espèce d'antre ....
Alors que tout le monde me disait : "Mais que vas-tu chercher là ?" , j'entrais dans une case très sommaire et je découvris des murs couverts de toiles : plutot naïves et peintes sur de la toile brute .
Une très grande toile accapara mon attention
"Combien cette toile ?" demandai-je
" Elle n'est pas à vendre car elle sert de mur à ma case !" et il continua
" hier , des américains me l'ont déjà demandée !" .....
Bref , il accepta de me céder une petite toile " Les Anges bleus " pour une somme dérisoire .
Je me demande encore si je n'étais pas la seule personne dans toute la Guadeloupe à posséder une oeuvre de lui : un incompris , vous dis-je !
J'ai su par la suite qu'une de ses grandes toiles était exposée à l'église de Terre - de -Haut : un Christ en croix , si je m'en souviens bien .
Mon ami Raymond Joyeux saura me le décrire : il a écrit un papier pour France-Antilles à l'occasion de son décès que j'aimerais qu'il me fasse parvenir .
"Paix ait son âme et que Dieu lui fasse peine" , comme me disait toujours ma nainaine ....

Oeuvres singulières bien plus profondes que ces espèces de plumeaux chamarés de certains peintres !

(Mon ami vient de m'expédier le texte que je vous fait découvrir avec émotion


Terre-de-Haut : disparition d’un artiste


Le samedi 11 octobre, les habitants de Terre-de-Haut ont dit un adieu émouvant et unanime à une figure saintoise exceptionnelle en la personne de Jérôme HOFF, décédé la veille à l’âge de 72 ans. Après le décès en février dernier de Francis BOCAGE, charpentier de marine hors pair, bien connu et estimé des amateurs de voile traditionnelle, c’est le deuxième artiste saintois qui disparaît en peu de temps.

S’adonnant principalement à la sculpture sur bois, Jérôme HOFF avait commencé très jeune à façonner avec de la terre glaise des mornes de son île natale les personnages de la crèche que le père OFFREDO, curé de la paroisse, lui commandait – gracieusement – à l’occasion des fêtes de Noël. Mais c’est d’un voyage à Basse-Terre avec une de ses tantes, alors qu’il avait 14 ans, qu’était née véritablement sa vocation de sculpteur. Une Vierge en plâtre aperçue à la vitrine des magasins Lacroix avait été en effet à l’origine de ses premières vraies réalisations et, depuis cette date, les sujets religieux n’avaient pas cessé de l’inspirer.

Christ, Vierge à l’enfant, Pietà, visages de Saints ou de Saintes, Jérôme HOFF les a sculptés pendant plus de 50 ans, d’instinct, avec un simple ciseau à bois, un maillet et une râpe de menuisier, animé de son seul talent naturel, de sa sincérité et de la force de sa foi biblique, car il n’avait suivi ni école de Beaux-Arts ni stage de sculpture. Son matériau de prédilection était le cœur de mancenillier et le bois de savonnette qu’il considérait comme les plus aptes à traduire l’expression de naïve sérénité qu’il imprimait au billot en quelques coups de maillet habiles sur le manche usé de son ciseau d’artiste.

Mais Jérôme HOFF n’était pas que sculpteur, s’il lui arrivait d’abandonner le bois pour le corail qu’il ciselait à l’ancienne, à la manière des Indiens Caraïbes, il prenait souvent le pinceau et donnait libre cours à son imagination mystique nourrie de la lecture journalière de la Bible et des livres saints.

Sculpteur, peintre, mais aussi musicien, acteur, auteur de cantiques religieux, de chansons, de pièces de théâtre et de sketches, Jérôme était un artiste complet qui touchait à tout avec un égal bonheur. Si son sens de la comédie, la subtilité et l’humour grinçant de ses formules ont bien des fois fait rire aux larmes ses compatriotes, ils regrettent aujourd’hui qu’il n’ait pas pu s’exprimer davantage dans sa commune où l’absence de structure adaptée ne favorise guère les artistes locaux.

De son vivant, établi non sans mal sur la route du Fort Napoléon, au pied du deuxième virage, il avait fait de sa petite maison une sorte de musée permanent où il exposait ses œuvres en toute simplicité. Si les visiteurs hésitaient à acquérir ses sculptures souvent lourdes et volumineuses, ils ne manquaient jamais d’être séduits par l’originalité et la force de conviction du personnage. Jérôme HOFF ne vivait pas en effet à proprement parler de son art, mais il éprouvait un réel bonheur à vous parler de la Bible, des Prophètes, de la vie du Christ et des Saints qu’il connaissait sur le bout des doigts. Et la foi qui se dégageait de ses paroles vous remplissait l’âme de paix et de sérénité, dispositions spirituelles plus qu’indispensables dans notre monde d’aujourd’hui, pétri de matérialisme, de méchanceté et d’indifférence.

Adieu, Jérôme, au paradis, tu ne dois pas être dépaysé car sans doute admires-tu désormais en pleine lumière le visage de ceux et de celles que tu as ici-bas si souvent reproduits dans le bois ou sur la toile. C’est en tout cas ce que croit sincèrement un grand nombre de tes compatriotes, aujourd’hui attristés de ta disparition et qui n’entendront plus résonner sous la voûte de leur petite église la puissance affirmée et caractéristique de ta belle voix d’artiste.

Raymond JOYEUX





Eloge de l'Echoppe

Dimanche matin ,place des Martyres
jonchée de feuilles de marronnier
jaune d’ocre
devant la Grande Loge
je croise quelques personnes
pull jacquard ,jupe droite ,velours côtelé
collants verdâtres , gillies ,carré de soie ...
je cherche une pâtisserie
pour choisir quelques grammes de chocolat
en ballotin
pour les amis du Bassin

Le long des boulevards , je regarde les échoppes qui les bordent
toutes identiques , alignées
une fenêtre , une porte , une fenêtre
à l’infini
seule fantaisie , la couleur des portes
beaucoup de bleues :prusse, pétrole , canard , outremer , cobalt
vertes : sapin , bouteille , terre verte , avec parfois un ton plus effronté : un vert laitue
un peu de rouges : tomette , rouge sang , rouge de chine
et tout un éventail du noir au gris : bleuté , rosé , ocré , pâle , souris , ardoise , vert de gris
( sienne brûlée + ocre+ bleu + blanc )

J’aime ces échoppes :
petite entrée avec , au sol , de magnifiques carreaux en grès cérame aux motifs colorés ,
puis une grande porte aux vitres bisautées à double-battant
un long couloir

long couloir au parquet de chevrons
conduisant au jardinet
bel escalier en pierre blanche

de part et d’autres , des pièces parquetées
hautes de plafond
et au fond

des vitraux à chaques ouvertures

un rayon de soleil et tout est baigné de lumière douce et colorée
intérieurs très cosy et propices au repos , à la lecture ( encore quelques pages de « Ritournelle de la faim «… et au thé !


thé à la fleur de chrysanthème dont je rêve depuis que j'ai lu Gao Xingjian et que j'ai déniché ce jour dans une boutique chinoise et que , illico presto , à peine claquée la grande porte , je me jette sur la bouilloire pour découvrir ce breuvage qui m' a fait tant voyager et que ce thé ambré , légèrement couleur pêche me tient les promesses de rêverie , bien-être, chaleur et douceur


le yin et le yang


souvenirs de retrouvailles entre amis de toujours

10 octobre 2008

Prix Nobel de Littérature


Hier , journée ensoleillée dans les « quarante quatre «
ballade aux confins de l’océan et du bassin
puis ' chez nos amis Jo et Jacques

aux infos
« prix Nobel de littérature
à Jean-Marie Gustave Le Clézio «
je fais un bond
et ma joie éclate


En deux mille quatre
alors que j’exposais ma peinture
a « La Cocoteraie «
petit palace guadeloupéen
quelle ne fut pas ma surprise
du haut de mon escabeau

d'où je plaçais quelques toiles
de le voir entrer à la réception
Il était venu pour
« Le Prix des Amériques insulaires et de la Guyane »

présenter son dernier roman "L'Africain "

pendant huit jours , j’ai parcouru l’île
pour écouter tous les écrivains invités
tellement assidue que la présidente me proposa
de me véhiculer avec toute la bande

c’est ainsi qu’un soir ,
je me retrouvai dans un quatre étoiles vieillissant et ordinaire
pour diner avec eux

à peine installés à table
la présidente demanda si quelqu’un aimerait rentrer sur St François

car Monsieur Le Clézio ne voulait pas tarder
moi , qui n’avais pas du tout envie de diner

ces repas sans âme
je me proposais de rentrer avec une amie

Leïla
mais
nous n’avions pas de voiture
étant venues en mini-bus avec tout le monde


qu’à cela ne tienne
Raphaël Confiant proposa alors les clés de sa voiture de location

Mon amie prit le volant

Et voilà comment , j’ai voyagé avec le futur Prix Nobel de Littérature
Pendant une trentaine de kilomètres
Et nous avons parlé
Entre-autre

en traversant Sainte Anne
D’ex-voto

et de la Bretagne ...

Ce matin
à la première heure
j'achetai son dernier roman
"Ritournelle de la faim "


le premier chapitre m'a déjà séduite ...


merci



* La photo montre une partie de mon exposition permanente


à "La Cocoteraie"

PS:une erreur dans mon commentaire : le dernier roman dédicacé en Juin 2006 a pour titre "OURANIA "