27 juin 2010

Autoportrait au bracelet


Elle s’était assise sur mes genoux et avait tourné le bracelet* autour de mon poignet ; un bon moment ,elle avait admiré les pierreries , sans rien dire .

Je devinais qu’elle le trouvait magnifique , ce bracelet de princesse pavé de pierres semi-précieuses :huit gros cabochons ,auréolés d’une multitude d’autres plus petits .

Elle avait glissé de mes genoux et s’en était allée jouer avec son grand frère et sa petite cousine , rêvant de ce bijou qu’on ne trouve que dans les trésors .

J’ai voulu le lui offrir mais autrement : alors je me suis fait un « Autoportrait au bracelet « , pour elle , en espérant que plus tard , elle l’accrochera dans sa chambre pour qu’elle se souvienne de sa Grandma et de ses bijoux et de son énorme bague en résine rouge et de ses lunettes en acétate , assise sur le « Pouf Lulu « !

*bracelet fantaisie H&M

16 juin 2010

Vu

Aux Galeries Lafayettes , hier après-midi , deux moines bouddhistes en tenue jaune safran et spartiates ... acheter un flacon de "N°5"de Chanel !!!

11 juin 2010

" L'insoutenable "


Et alors que la pluie goutte telles des larmes

sur les adirondack du jardin

là bas

« Dans mon île au soleil »

on pleure

Addy

Petit Prince tamoul

Laissant un papa- une maman orphelins

Et Anna

Là bas

« Sous des cieux toujours bleus «

la maman du poète

elle aussi est partie

et seul le souvenir du goût sucré

de ses berlingots

laisse un répit à notre tristesse

10 juin 2010

Meteo


Bien sûr il y a eu trois jours en plein soleil

A la Pentecôte

Juste pour aérer la maison

Et puis un petit crachin a suivi

Quelques jours

Pour arroser le jardin aromatique

Juste pour le rafraîchir

Et faire grandir les plants de tomate-cerise

Et encore des dimanches remplis d’enfants

Des presque premiers pas

Des petites déclarations d’amour

Toujours

Des pêches à la crevettes

Avec deux crevettes

et une poignée de bigorneaux

et des petits dîners

pour revoir les amis .

et puis encore ce brouillard

juste pour sortir le pull rayé de Jean Paul

et pour les pois de senteur

c’est pour cela

juste pour cela

qu’il n’y a pas encore de soleil

mais c’est promis

il fera beau dimanche .

Alors

Dans mon atelier

J’écoute la tempête

Qui affole la mer .

01 juin 2010

" L'artiste carnivore "


Louise Bourgeois est morte , cette « Inconsolable enfant de la France «comme l’a dit notre premier ministre .

Comment peut-on imaginer , derrière » ce visage parcheminé troué de deux billes bleues » , de ce sourire insolent , une artiste dont toute l’ œuvre fut synonyme de souffrance , de solitude et de mort !

Depuis ce matin , je lis les hommages à travers toute la presse ; celui de Valérie Duponchelle dans les pages du FIGARO a retenu toute mon attention et je le livre ici , ne trouvant pas d’autres mots pour parler de cette sculptrice que j’admire .

«Louise, c'est un tout petit format aux yeux bleu intense, un petit raisin sec aux longs cheveux de petite fille, un mélange de force et de vulnérabilité extrême qui rappelle l'enfance nue. Tout se trouve dans son oeuvre qui parle de nous, de nos peurs. C'est de la psychanalyse pure», nous confiait en 2005 son galeriste bruxellois, Xavier Hufkens, avec une foi de petit garçon, apeuré et ravi, devant la reine des glaces. «Quand vous avez le privilège de rencontrer Louise Bourgeois, vous oubliez instantanément son âge. Tant sa personnalité est forte et perspicace. Tant sa position de reine la dispense de perdre son temps, en coupant net toute conversation jugée anodine», nous confirmait son marchand de Londres Ivan Wirth, fidèle aguerri qui a accroché sans frémir ses sculptures terribles et si crues dans sa galerie de Picadilly Circus, nichée sous les lambris d'une ancienne banque.

Louise Bourgeois, 98 ans, silence pénétrant et le verbe toujours incisif, c'était la lionne de l'art contemporain. Au sens premier comme au sens figuré. Tant son visage parcheminé aux yeux bleu glacier avait inspiré photographes et de plasticiens par sa détermination insolente. Tant son intelligence vibrante, son imagination si féconde pour retranscrire les mystères de l'inconscient en un dessin, un livre cousu, un corps tordu, une poupée déchirante, un organe démesuré, une chambre d'enfant tragique, pouvaient se révéler carnivore vis à vis d'autrui. Le contact avec la grande artiste française de New York, créatrice des dangereuses sculptures Fillette et autre Janus fleuri (1968), n'était pas inoffensif.

Rencontrer cette Junon de l'Olympe, femme du sérail et doyenne d'une avant-garde révélée et vénérée par la génération d'artistes américains qui lui ont succédé, se révélait une expérience aussi édifiante que rude. Tous ceux qui ont été acceptés dans son «salon» (en français dans le texte) pour ses «sunday afternoons» réservés au partage théorique de l'art, l'ont expérimenté à leurs dépens. Refusant de parler français, sauf pour dégainer, cette théâtrale faisait défiler les fans et autres artistes du dimanche sur la sellette, en graciant quelques-uns, en fustigeant d'autres qui quittaient la scène liquéfiés, comme après l'oracle de Delphes. Une vraie cour à l'antique autour de cette reine Louise, pythie redoutée comme Maman, l'énorme araignée qui est devenue sa signature formidablement plastique sur le parvis du Guggenheim de Bilbao.

Son énorme araignée de métal nommée «Maman».
Son énorme araignée de métal nommée «Maman». Crédits photo : AP

L'art de Louise Bourgeois, née avec le siècle dans une bourgeoisie très française et pleine de vilains secrets, est un rébus qui date de la préhistoire (Le Regard, latex et tissu, 1966). L'enfance et ses pièges, la sexualité et ses confrontations, le temps et ses factures, les choix ambigus au-delà de toute raison et logique, tout est dans ces installations construites au mieux comme des récits en images, au pire comme des cellules de prison. Au printemps 2008, la passionnante rétrospective du Centre Pompidou avait reconstitué The Destruction of the Father, 1974, scène primitive presque cannibale, entre la grotte et la bouche géante. Le malaise était entier, comme le cauchemar chez un enfant ou la tempête décrite par les Anciens pour un jeune marin.

Entrer chez Louise Bourgeois, c'est accepter le rêve éveillé, l'effroi et le merveilleux, la répugnance et la douceur, la conscience de soi et l'étrangeté de la vie. Fier d'accueillir le retour en sa terre natale d'une des grandes figures du XXe siècle, Beaubourg avait adapté la rétrospective londonienne de la Tate Modern à son architecture plus labyrinthique, plus confinée : elle servait bien cette névrose créatrice tapie dans la caverne. L'été suivant, le Guggenheim de New York avait pris le relai de cet hommage international, soulignant lui la force toute masculine et guerrière de cette vieille petite fille qui aima d'un amour jaloux son père infidèle et en tira une armada de métaphores dans ses oeuvres à l'Oedipe cruel.

«Louise est une grande artiste, ce qui dépasse la sempiternelle question homme ou femme. Pour moi, elle est neutre», analysait Karsten Greve, son galeriste de Cologne et Paris. Ce pionnier s'arrêta sur le travail de Louise quand elle cohabitait, dans la galerie très privée de Xavier Fourcade avec Eva Hesse, Arshile Gorky, Willem de Kooning et John Chamberlain. «Je l'ai abordée, il y a presque trente ans, par ses petits dessins abstraits avec textes et par ses sculptures magnifiques dont Spring de 1947, désormais de tous les livres. Je reste fasciné par ses thèmes récurrents, l'équilibre des forces, des sexes, des pôles positif et négatif. Et sa faculté de surprendre, comme par ses sculptures en tissu que les femmes acceptent d'emblée et que les hommes, dont moi, mettent souvent plus de temps à accepter».