Le Pin maritime (III)

Et hier soir , le Pin , illuminé par un spot du jardin , avait la couleur irréelle de la porcelaine , vert céladon ... Derrière lui , le ciel dans la nuit noire étoilée , laissait encore entrevoir à l'horizon une touche orange sur fond turquoise ; richesse de nuances d'un kimono de soie .

(suite du deuxième texte )

Le Pin maritime (II)

Lundi soir , le ciel s'embrasait et le Pin , tel un éventail , se déployait sur cet orange de laque chinoise .

(suite du premier texte )

Le Pin maritime

Dans la nuit de dimanche , telle une ombre chinoise , le Pin maritime se détachait , noir sur le ciel bleu noir et la mer grise

Hors saison

ils sont arrivés un soir de cette semaine ; ils voulaient revoir la côte et tout particulièrement Ploumanach .

Lui était déjà venu , il y a soixante ans quand il avait intégré "Centrale" et que son père lui avait prêté sa" Traction " pour des vacances entre copains.

Elle était venue ,plus tard avec lui , du temps de la"Porsche "...

On a marché sur le sable , face à Costaérès : la mer était d'huile , elle descendait .

on est allé jusqu'à la petite chapelle sur le rocher , avec le désir de piquer une aiguille dans le nez de St Guirec , même s'il n'a plus de nez , même si on est marié depuis belle lurette : bref ,on a fait la démarche et on n'était pas les seuls ! toujours ce jeu naïf qui dit que si l'aiguille reste plantée , on se marie dans l'année !

et comme la fin d'après-midi était douce , on s'est attardé à boire un peu de cidre ; Il aurait aimé déguster des galettes de blé noir mais on n'en servait pas : il a un souvenir de galettes , achetées à Lamballe ,il y a longtemps : quatre douzaines qu'il avait dévorées sur la route nationale 12 en rentrant à Paris .

Et jusque tard dans la nuit , noire -bleu comme les indiens de la Côte Malabar, chacun des amis autour de la table a conté sa nouvelle : de Lima à Brasilia , de l'Orient à l'Extrême ,on s'est nourri de l'histoire de l'autre .

Et ils sont repartis , lui ( ressemblant tellement à Anthony Quinn que beaucoup de gens se retournent encore dans la rue ) , au volant de sa vieille "SM" marine ; elle ,si mince ,rappelant Scarlett O Hara avec ses yeux verts et son visage enfantin .

ballade

Et cette ballade , face aux Triagos ,sur ce bord de mer festonné , chemin tel un bracelet agrémenté de médailles de nacre que sont ces petites plages sauvages.

Arrière saison

Et si on fermait la mer comme le dit si bien "Amour de ma vieIII"
qu'on ressortait les pulls en lainage
qu'on achevait tranquillement les dernières poteries
qu'on faisait les dernières ballades au bord de l'eau
c'est un peu triste non
alors on recommence
si avant l'été prochain on mettait dans du papier de soie les jolies robes fleuries
qu'on passait une crème de soin sur les bottes cavalières
qu'on ressortait les croquis pour de futurs tableaux
qu'on rêvait déjà d'échanges épistolaires et encore plus de commentaires sur le blog
ça passe mieux je crois

ces bonnes résolutions nous permettent d'avaler la pilule de la rentrée

Baptème

Baptème pluvieux

Enfants joyeux ...

espièglerie

non perturbée

par overdose d'eau bénite

Bambi et compagnie

L’automne n’est pas là

que déjà

on rêve de l’hiver

comment ne pas désirer

être emmitouflée

dans tout ce blanc

blanc cassé des jodhpurs

blanc pur des cachemires

blanc tendresse des étoles de mohair

mailles arachnéennes telles les anciennes liseuses

blanc nacré des bijoux de perle

tout est doux

comme Bambi

qu’avait déjà imaginé Castelbajac

visionnaire de la mode

Bambi

sur les tee-shirt des femmes enfants

que nous sommes

l’orée du bois s’invite à Paris

avec ces branches plantés tels des bois

dans le bonnet de laine des mannequins

ou ces motifs de biches

sur les pulls jacquard

ou ces sacs de fourrure

sacs » Panpan »

peu de noir

pas trop de couleurs

ou alors feuille morte

la couleur ?

c’est Jean Michel Basquiat qui nous l’offrira

au MAM dès octobre

rouge sang

noir ténèbre

et

alors

emmitouflées dans nos blousons moutonnés

nous frissonnerons devant tant de géni

photo de Basquiat , copiée sur internet

Rentrée

On a vidé le réfrigérateur des « danette » au caramel

ou au chocolat

ou à la vanille

on a lavé , rangé les combinaisons de plongée

on rêve déjà des livres de rentrée

bercée par le vent d’ouest

dans le pull à rayure

Amélie* ou Houellebeck

on organise les dernières tablées

d’amis très chers

très chers

amis

On s’offre le dernier bic

Au rayon fourniture

même si on n’en a plus besoin

on parle d’H&M

et d’Alber Elbaz

un bonheur

pour plus tard

quand le vent d’ouest

s’invitera

en attendant

Perros se prélasse

au soleil

chaud

sous des jalousies brumeuses

et les Perrosiennes

sans complexe

s’étendent

se détendent

paressent

s’adonnent au farniente

*« Nombreux sont ceux qui pensent que la lettre est un art égocentrique. Je ne suis pas d'accord : c'est, au contraire, un genre généreux. On est là pour l'autre, la lettre n'a d'intérêt que parce que l'autre existe. «

Amélie nothomb