27 décembre 2010

No-o-ël oh no-o-ël...


C'était avant-hier matin, le matin de Noël .


De tous petits pas ne voulant pas nous réveiller sont descendus dans l'escalier,sans faire de bruit .


Soudain , ces petits pas sont remontés en cavalcade jusqu'au deuxième étage et , là haut , au dessus de nos têtes , nous les entendîmes courir partout .


Et j'imagine la scène :" Papa , Maman , il y a plein de cadeaux sous le sapin de Noël ! "


"Le père Noël est donc passé !"


Et les petits pas de "Amour de ma vie III" sont redescendus précipitamment dans le salon .


Et c'est ainsi que le vingt cinq décembre a commencé !
* en photo , une des vitrines de chez Chanel , rue Cambon


19 décembre 2010

"Incredible India "


Incroyable ...oui !
Toutes les affiches le clament , des qu'on sort de l'avion et qu'on se retrouve dans les embouteillages , dans la danse des rickshaws ,des bus et des taxis , des klaxons étourdissants ,des gens qui marchent à mille lieues des villes et ,qu'au premier abord , on n'a qu'une envie : se retrouver dans le cocon de sa chambre d'hotel pour s'isoler de tout ce capharnaum !


Fuir Ernaculum , le Cochin indien pour s'ennuyer à Fort Cochin , envahi par les touristes bobo .


Alors , partir plus loin , en taxi , vers les montagnes de Munnar et là , se promener dans un immense jardin japonais que forment les plantations de thé : à perte de vue ,le paysage se déroule en une succession de collines , de coteaux comme brodés au point de feston par les plants de thé taillés au cordeau , tantôt rayures , tantôt dentelures mais le résultat est bien là : une sérénité ,un silence que seuls les "schlick "..."schlick"..."schlick" des cueilleuses et de leurs sécateurs rompent d'une manière régulière , toutes ne cueillant pas manuellement les trois premières et tendres feuilles de ce précieux camélia .Oui ,dans cette nature que la main de l'homme a rendue si belle ,on se ressource avant d'atterrir au milieu de nulle part ,accueillis par une bande d'hommes encagoulés à la mine patibulaire .Et l'on s'endort dans des draps un peu humides vu que l'endroit où nous nous trouvons n'a pas eu de soleil depuis belle lurette: on est tout simplement dans les nuages , l'hotel étant construit sur l'escarpement d'une montagne de laquelle on admirera le lendemain la vallée dans sa brûme bleutée .Et ce lendemain où nous nous rendons compte que nous sommes au milieu de nulle part , certe , mais au milieu d'un jardin botanique de toute splendeur où tout pousse ,de la cardamome aux plants de fraisier ,sous les immenses arbres aux essences divines dans lesquels ont été construites des cabanes , chambres pour "honeymoon" et ma foi ,l'hôtel est peuplé de jeunes mariés indiens , les jeunes femmes aux mains tatouées à l'henné ,comme un gant de dentelle pour ce maquillage nuptial .Et ce même lendemain où les encagoulés de la veille ne sont autre que des employés les plus prévenants de notre voyage ; je réalise alors que , vue la situation de l'hôtel au milieu de nulle part , il faut des hommes de cet acabit pour protéger notre villégiature !


Et puis redescendre dans la vallée et s'offrir des châles pour la fraîcheur bien sûr mais aussi par mimétisme féminin , les femmes de là-bas s'y enroulant dans cette fin de mousson : mais quel choix cornélien parmi ces motifs inépuisables de palmes et palmettes dessinant toutes les impressions du style "cachemire" !

Et se retrouver dans une salle pour un spectacle "kathakali" : "Une musique et un chant accompagnent des acteurs qui dansent et miment des scènes narratives par des expressions corporelles et émotionnelles, dans les costumes élaborés et des visages maquillés."Les acteurs passent par un long artifice avant d’entrer en scène. Le maquillage et l’habillage prennent une place très importante dans la réalisation du spectacle. Pour entrer dans leur personnage, les acteurs vont utiliser des minéraux pigmentés ou des poudres végétales pour masquer leur visage selon des symboles de couleur très codifiés :Les personnages de Kathakali sont généralement classés en cinq catégories représentées en partie par le maquillage :Minukku : Un mélange de jaune et de rouge recrée la couleur naturelle de la peau et caractérise des personnages féminins vertueux (Sita dans le Râmâyana) ou des brahmanes.Pacha : la couleur verte prédomine sur le visage vertueux du Prince, le héros de l’épopée (Rama).Katti : Les personnages de katti sont des méchants ou des démons, le vert reste la base du maquillage mais rehaussé de rouge sur les joues et d’un nez rond blanc..."

Et quitter le Kérala après avoir passé un moment sur un "houseboat" , un peu surfait , tout à fait touristique et un peu languissant sous un ciel gris et une eau verdâtre où , certe , se reflétaient des cocotiers ...

Et lire "Parle -leur de batailles , de rois et d'éléphants " de Mathias Enard sur la terrasse d'un grand hôtel à Kochy avant de s'envoler vers le Nord et Delhi pour découvrir des merveilles d'architecture qui nous ont tant manquées dans le sud !

Et se payer Fatehpur-Sikrî , après le couple présidentiel ,ancienne capitale impériale de l'Empire moghol, construite par l'empereur Akbar, parfaitement conservée depuis son abandon,témoignage remarquable de l'architecture indienne du XVIème siècle .

toute une journée pour admirer et s'adonner à l'aquarelle.

Et cet empereur moghol Shâh Jahân , très très amoureux ,batissant des splendeurs pour ses femmes , dont le mausolée du TAJ MAHAL qui nous laisse sans voix , découvert aux aurores dans une brûme frileuse et contemplé à nouveau en tout début d'après-midi quand son reflet danse sur le long bassin du jardin .


Et tous ces mausolées dont celui d'Humayun à Delhi , tous au coeur de jardins rendant la visite encore plus romantique .

Et le Musée d'Art Moderne où deux artistes nous ont interpelés:

Jamini Roy et Amrita Cher-Gyl à découvrir sur Internet .

Et entre ces lieux de splendeur , on se replonge dans la circulation infernale n'ayant pour vision que le malheur qui frappe ces milliers de "fantomes" au bord des routes , dormant dans des linceuls crasseux et se réchauffant tant bien que mal en faisant brûler quelques brindilles sur le trottoir .Et ces enfants faisant la manche de voiture en voiture dans les embouteillages : on voudrait les ignorer mais comment faire quand ils collent leur visage aux traits tirés sur les vitres du taxi ...Et alors que nous sommes encore sous le charme du TAJ MAHAL et que nous attendons le train qui nous reconduit d'Agra à Delhi ,nous voila cernés par des estropiés , un enfant sans jambes rampant sur le quai fixant son regard noir de reproches dans nos yeux incrédules .


Et terminer par la ville de la mort qui ,comme par hasard a été ma favorite : VARANASI , ancienne BENARES où notre chauffeur ne nous a pas quittés , nous guidant vers les gaths , ces escaliers qui descendent jusqu'au Gange ; après une ballade en fin de soirée sur une barque tout au long des gaths où ont lieu les crémations , on assiste comme hypnoptisés à la cérémonie indoue dans les vapeurs d'encens et le tintement des clochettes ,là où quatre jours à peine a explosé une bombe faisant de nombreuses victimes ,mais rien ne fait reculer les fidèles sur les gaths et sur l'eau ; on rentre tranquillement le long de la rue principale grouillante de vie à deux pas des dépouilles qui attendent d'être brûlées .


Et voilà donc cette "Incredible India" tantôt sublime de beauté , tantôt noire de misère .


Voilà déjà huit jours que je suis de retour et déjà ne survivent que les bons souvenirs alors que je regarde en boucle les photos du voyage .


Si je ne devais garder que les trois moments les plus merveilleux du voyage ce serait sans doute ce déjeuner au "United coffe-house"sur Connaught place à New-Delhi, dans cette salle hyper kitch où chaque table était occupée par des sickhs au turban du plus beau bleu lavande au jaune paille en passant par le corail , le bordeau ou le noir porté avec le veston en tweed et la chemise oxford et , dans ce décor de cinéma on déguste avec délices toutes les épices de la cuisine indienne , cuisine envoûtante par la richesse de ses parfums .


Ensuite ,n'en déplaise à cette merveille qu'est le TAJ MAHAL (dont les dalles sont parsemées de paillettes détachées des saree des belles visiteuses ) ce serait la visite du Fort Rouge d'Agra , du palais d'hiver à celui d'été en passant par le palais des vents :accompagnés d'un guide qui, outre ses explications très détaillées sur l'architecture et ses petites histoires dans l'Histoire , ne pouvaient que plaire au côté "fleur-bleue" de mon caractère ; celle par exemple qui raconte le réveil en douceur de l'Empereur dans la chambre en rotonde de sa favorite : avec le tintement des bracelets de chevilles des autres favorites qui courent autour de ce palais d'été ...


Le troisième souvenir serait sans aucun doute ces plantations de thé dans la brûme : j'étais au milieu d'une estampe chinoise ...


Ce sont finalement trois exemples d'endroits empreints de sérénité et c'est ,je crois , ce que je recherchais après que mes yeux n'en pouvaient plus de voir défiler la noirceur de la rue à travers les vitres du taxi .


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