Pluie d'avril

Et alors que nous étions à " La Closerie des Lilas " avec Jean Paul Sartre
enfin , Sagan !
« j‘aimais le tenir par la main ,et qu’il me tînt par l’esprit »
moi ,page deux cent quarante huit

et toujours emmitoufflée

dans le plaid " Grand large " face au large
Et alors que la nuit était noire –« Outrenoir »
les hautes baies du salon se mirent à trembler
à grelotter de peur , à frissonner
sous le vent rugissant , sifflant dans les couloirs végétaux du jardin
essorant à grand bruit le pin maritime !

Là-bas , nous serions déjà calfeutrés dans la case
Gala réfugiée sous le lit
attendant , dans un silence intérieur , de découvrir le massacre floral

Et ce matin , le ciel pleure

"Un peu de soleil dans l'eau froide"

Un vent depuis hier !
un vent mouillé
comme pour une alerte numéro un là-bas
où je collectionnais les chiens errants
pareils aux coquillages que je trouvais sur la plage
un vent , donc , bouillonnant la mer
dessinant un croquet blanc autour de l’île aux Moines
et un gris , vert-de-gris sur les flôts
et un gris , gris –argent à la pointe des chaos de Ploumanach
et le lilas de Madame Proust
secoué comme un éventail
par cet épouvantable vent
et cette nuit noire agitée
blanche pour cette maison pleine de bruits
et cette matinée épuisée et grisée
comme asphyxiée
et quoi d’autre de mieux alors ,
de merveilleusement mieux
qu’un plaid entourant les épaules
un bon plaid « Grand-Large « au nom prédestiné
et un Sagan tant qu’à se faire du bien
avec une symphonie de Dvorak , doucement
alors qu’un rayon craque le ciel
et remaquille la vue
en bleu
en vert
et les lilas en lilas


(« Françoise s’est réfugiée dans son lit en compagnie d’un livre et d’un chien adopté à la SPA .La solitude est exquise lorsque du monde s’agite dans la pièce d’à côté . »(MDLelièvre) et que le vent fait craquer la maison , oserais-je ajouter !!!

"Rosée précieuse "

Depuis hier , on est au ciel
enfin , dans les nuages
une brume bleue nous enveloppe
nous enrobe
nous ne voyons qu’elle qui cache tout
aucune perspective et pas d’horizon
et dans cette douceur céleste
on croit nager dans le liquide amniotique
de l’univers !

Etamine

J’aurais pris le tube outremer
J’aurais mis beaucoup de blanc
Et j’aurais peint la mer
comme un lac
J’aurais moiré cette mer
avec des auréoles plus claires et plus brillantes
J’aurais tracé l’horizon
J’aurais mis une pointe de rouge dans ce bleu de mer avec encore plus de blanc
Et j’aurais commencé à peindre le ciel
J’aurais mis un peu plus de rouge
Et j’aurais dessiné les Sept Iles
Et puis j’aurais pris le tube cobalt
J’aurais mis plein de blanc
Et j’aurais peint le ciel jusqu’au haut de la toile
Au premier plan , j’aurais suggéré en grenat les grappes de lilas non écloses
Et puis , j’aurais fait un glaçis bleu , imperceptible sur tout le tableau
pour tamiser la vue
comme une étamine qui filtre la lumière
Aujourd’hui , c’est ainsi que mes yeux ont vu Perros
En rose et bleu

Les Pâques bleues

Et ce ciel bleu ciel qui se miroite partout sur la mer bleu
immense Manche embrassant les Sept îles
mer pointillée de bateaux blancs
minuscules grains de riz
rendez-vous des premiers soleils prévu aux tisons de Noël
ces voiliers immaculés
autour de Bono , Malban ,Rouzic
et caetera de l’Archipel

et sur le verre noir fumé de la table du salon
où se reflète ce ciel si bleu
on voit passer un vol de mouettes
entre le plateau « Alessi »
et le bol » HB Henriot »
rempli d’œufs en chocolat...

il y a peu !

(en image , les oeufs de Martine , multicolores et les miens , cuits avec des pelures d'oignons , leur donnant cette teinte brique -terre cuite presque corail ! recette de la maman d'Antoine ! )

Vendredi Saint

Et ce ciel toujours rayé
pareil aux "Sailors chic in Paris "
du Musée de la Marine
Et toujours , donc , ce ciel rayé
zébré hier soir de blanc titane et gris profond
sur la mer argentée
tigré de blanc , de noir , de gris rosé
tard , très tard
et ce matin
une rayure bleue dans la griserie céleste
une trouée bleu ciel
dans ce ciel embué de gris
rouge-bleu-jaune méli-mélo
tantôt rosé
tantôt bleuté
tantôt doré
puis , vers midi , un ciel mohair
rendant tout doux le fond de l’air

petit creu

c’est l’histoire d’une petite fille qui n’a pas tout à fait trente six mois et qui a un petit creu !
Elle se trouve devant le guéridon Napoléon trois où est posée une coupe de fruit , années cinquante , dans laquelle brillent trois pommes !
Elle est bien tentée de croquer une de ces pommes !
Elle regarde à droite puis à gauche : elle ne voit ni Manman , ni Granmanman ;
Alors elle attaque la Granny !
C’est dur , d’autant que le pouce n’a pas fait pousser les dents bien droites !
Elle repose la pomme .

nature-morte en danger

Et puis , elle se dit que , peut-être , de l’autre côté , la pomme est plus tendre .
Elle regarde à gauche puis à droite :
toujours pas de Manman ni de Granmanman
Alors , de toutes ses forces , elle croooooooooooooooque la pomme .
Mais la jolie petite fille gourmande n’a pas assez de force
et son incisive gauche est toute en avant , à cause de son pouce !!!
Elle capitule et dépose donc la granny dans la coupe de fruit .
C’est dur d’être une petite fille quand on a un petit creu et que personne dans cette maison ne s’en rend compte !!!

des goûts et des couleurs

Ce soir j’ai réuni mes très chers
pour mon anniversaire
autour d’un excellent repas !
et , bien sûr , mon fils cadet est là
celui qui a pris autant de la logique de son père , il est médecin
que de la fantaisie de sa maman , moi ,
il a fait les Beaux Arts en même temps que sa médecine
bref , tout cela pour dire qu’il est doué pour tout …
et ce soir , il fut pris d’un terrible fou-rire alors que nous prenions une petite coupe de champagne .
petit rappel !
Alors qu’il était en fac de Médecine et qu’il s’ennuyait un peu car il avait tout réussi du premier coup ( bon , la suite a été plus longue mais , bref …), je lui suggérai de ne pas laisser tomber sa passion , celle de dessiner depuis son plus jeune âge , et de s’inscrire aux Beaux –Arts : c’est ainsi que le soir , après ses stages en hopitaux et ses cours à la fac de Médecine ,il prit des cours de modelage , d’académie ou nu et d’art déco !
Voilà pourquoi , un jour , prenant possession de son premier appart d’étudiant , il mit son savoir à exécution et , avec une table de salon tout à fait ordinaire , acheté en solde chez But , il se fit une marquetterie en lapis –lazuli , en marbre Napoléon rosé et en marbre blanc ,
entouré d’acajou , le tout , bien sûr en trompe-l’œil : très beau travail !
Cette table le suivit dans son premier appart parisien puis dans son propre appart quand il s’installa en privé .
L’argent rentrant , arrivèrent les envies de changer de décor : le design prit le relai :
Je me souviens de ce jour où je l’aidai ainsi que mon Mien à débarrasser son nouvel appart de tous les vieux meubles .
Un premier dépôt sur le trottoir , dont cette table marquetée ; un aller à l’appart , un retour sur le trottoir avec d’autres paquets : la table avait déjà disparu !
Deux ans plus tard , c’est-à-dire aujourd’hui , mon garçon prend RV chez son coiffeur , à 10 euros la coupe ( impeccable , je l’avoue ) et que ne voit-il pas devant ses yeux alors qu’il attendait son tour pour se faire coiffer ?
Sa table !!!
Ce soir , en pleurant de rire , il nous raconta cette histoire avec la photo de sa table sur son téléphone portable !
Paris est petit !
un seul regret : il ne l'avait pas signée !

petite grisaille sur Strasbourg

Onze heures vingt cinq devant mon écran ce vendredi
Un autre écran , les vitres fumées
Même dans l’ombre , il est Magnifique !
Son profil est tellement parfait qu’il rayonne dans le noir de la limousine
Et furtivement , l’éclatant sourire de Michèle ...
« ma belle .. «

Paris en douce

Comme Paris était belle ce matin
un ciel bleu poudré
toutes les façades blanches rosées
les toits de zinc et d’ardoise en camaïeu
et la douceur de l’air
nous marchions toutes les deux
tranquillement , nous avons traversé le pont
jusqu’à la bouche de métro
là , nous nous sommes quittées
Annick rentrait à Trébeurden



Trois jours d’échanges
de littérature , de recettes
de beauté , de mode
entre La Sainte Chapelle et Le Louvre
Ming –Monna Lisa et ses funérailles

Véronèse
La Cène
la rue des Rosiers et de François Miron
le Musée Jacquemart-André

et les Primitifs Italiens
Botticelli
« La Fuite en Egypte «
St Germain-des-Prés

Que du beau , que du beau