16 avril 2010

Philanthropie





Il est vingt heures et la nuit est noire .

Je suis face à mon mug de « detox tea » et je rêve

Je rêve à mes vacances qui prennent fin

oui , je l’avoue , je n’ai rien fait

Rien

Nothing

Nada

Je n’ai fait que lire et parler avec mes belles-sœurs et goûter leur cuisine indienne

Et j’ai vu les amis de toujours

Tantôt aux Saintes

Tantôt à Pointe-à-Pitre

Et maintenant , je rêve d’ aujourd’hui .. .

Nous étions partis en début de matinée direction : Bouillante

On nous attendait pour midi chez Philippe , le vieux « fwèou « ( frère en créole ) de mon mien :les bancs des jésuites en ont fait des amis à la vie , à la mort !

Quittant la Grande –Terre , nous avons pris la direction du Col des Mamelles : aussitôt , nous voilà « phagocytés« par la forêt tropicale .

Il avait plu , tout était vert ;le long de la route fleurissaient les balisiers tels une haie d’honneur ! on entendait les oiseaux jacasser et s’en donner à cœur joie l

Puis ce fut la descente sur Malendure et Bouillante .

Nous avons grimpé la pente abrupte de « Thomas » le lieu-dit et , sur le plateau , la maison était là dominant la mer des Caraïbes , maison créole , immuable et si attachante ! Josiane nous attendait , comme toujours , et le plaisir de se revoir était intact ;le temps de poser la cocotte–minute dans la cuisine ( de granbonheur , ma belle –sœur s’était mise aux fourneaux pour préparer un colombo de cochon pour Philippe , un plat qu’il adore , surtout préparé à l’ indienne comme seules savent le faire mes belles-sœurs ! Nous avons ainsi traversé toute la Guadeloupe avec cet arôme de curry dans la voiture !!!) et la conversation a repris là où nous l’avions arrêtée il y a dix huit mois .

Le temps d’admirer encore et encore les longues mains de Josiane , je crois que ce sont les plus belles mains que je n’ai jamais vues ; je ne peux m’empêcher d’en parler et je crois que je la complimente à ce sujet à chaque fois que je la vois !

bref , petite parenthèse pour une rareté que j’ai plaisir à signaler .

Le temps donc d’entamer la conversation et arrive le vieux « fwèou « dans sa voiture « Café Chaulet » car il est le gardien du trésor familial : la plantation de café la plus importante de Guadeloupe .

Et Philippe m’apporte dans ses grandes mains , des fleurs de café !

Philippe Chaulet , donc est un personnage de Guadeloupe ; pour moi , il est la Guadeloupe . C’est la seule personne qui sait me parler avec autant d’amour et de conviction de sa terre ; il est sa terre ! Ce serait la seule personne digne de représenter ce pays : Philippe est politicien , président du groupe UMP pour tout dire . Mais Philippe n’est pas une étiquette il en est au-dessus .

Et il a des choses à raconter à son vieil ami , et il parle , alors que Josiane apporte les plats : les éternelles écrevisses de la propriété ,entre autre ,au goût sans nul autre pareil car pêchées dans ses ruisseaux qui dévalent la montagne et cuites au court-bouillon .Petites bananes pour le dessert et café Chaulet , bien entendu .

Entre temps , un Haïtien , un jeune gosse de vingt deux ans , est passé lui dire au revoir ; tout habillé de neuf , style rappeur , casquette à grande visière , grand tee-shirt sur grand bermuda , tennis neufs et tout en blanc, une chaîne et un Christ en argent autour du cou ! Ce jeune garçon part rendre visite à sa « manman « qu’il n’a pas vue depuis six ans , les valises pleines de produits de nécessité comme du « jex-citron « liquide vaisselle par exemple , eh oui ! produits rares là bas à la suite du tremblement de terre .Un enfant livré à lui-même que Philippe a aidé à avoir ses papiers en l’employant sur ses terres , un enfant que Philippe a suivi à tel point que ,pendant le repas , il a téléphoné plusieurs fois à l’aéroport pour savoir si son protégé n’avait pas eu de problème et s’il était bien installé dans l’avion .

Et c’est le premier des trois cas semblables que nous allons découvrir tout au long de cette après –midi .

Nous étions donc au café !

Puis nous nous sommes changés , enfilant un vieux tee-shirt et nous voilà dans la camionnette « Toyota », les trois chiens installés à l’arrière pour une ballade là-haut , très haut dans la montagne dans ses plantations de café , de cacaoyer , au cœur de la bananeraie : le temps de couper un régime de « poyo » ou bananes à cuire pour la belle-sœur et nous voilà de retour , les chiens dissimulés sous les grandes feuilles de bananes qui seraient le régal des cabris , pour une ultime visite dans l’usine de torréfaction située derrière le Musée du Café appartenant à la famille : que ça sentait bon !

Et c’est là que j’ai fait une riche rencontre : une famille d’Indiens Taïnos , la seule de Guadeloupe , tous les autres ayant été décimés au seizième siècle .( On trouve ces populations dans l’île de la Dominique , au large des Saintes ils vivent encore ) . Philippe en a fait venir un couple , l’a embauché dans sa manufacture de café et …est déjà né un petit indien ;on espère qu’une colonie repeuplera un jour la Guadeloupe .

Moi qui suis très attirée par l’art Taïno , art de cette population , j’ai eu l’impression de me retrouver des siècles en arrière .Je n’ai pas pu m’empêcher de leur demander de poser avec moi , ce qu’ils ont fait sans hésiter . Ce sera la photo vedette du jour !

Et , pour terminer la journée en douceur , la visite de la chocolaterie située derrière la torréfaction avec possibilité de tout goûter !

Voilà pourquoi ,ce soir , je suis devant ma tisane detox !!

Car j’ai goûté : le chocolat à la mangue , celui aux fleur d’hibiscus et tous les autres , et je suis repartie les bras chargés de tablettes pour mes belles-sœurs !

Et cette dernière rencontre , celle de cette jeune femme qui fabrique les chocolats :elle était au RMI ; Philippe l’a embauchée et lui a dit : » fais ce que tu veux « et voilà : elle fait des merveilles !

Philippe est ainsi , philanthrope et tous ses employés l’adorent ; il y a une ambiance de détente et tout le monde travaille consciencieusement à son « poste « .

Il a bien fallu partir car il était presque dix sept heures et la nuit tomberait avant notre arrivée en Grande–Terre .

Il est très tard , la nuit est noire , les grenouilles chantent

Mais je sais que je ne pourrai pas dormir ce soir : j’ai fait trop de belles rencontres !

6 Comments:

Blogger Ana a dit...

C'est comme si ...., comme si je rentrais d'une balade, une balade sereine,langoureuse, gourmande . Un vrai moment de bonheur . Merci Annie

17/4/10 14:37  
Blogger Ana a dit...

C'est comme si ....., Comme si je rentrais d'une balade, une balade sereine , langoureuse ,gourmande . Un moment de bonheur en votre compagnie . Merci ma belle Annie .

17/4/10 18:03  
Anonymous martine a a dit...

ce journal de voyage passionnant me transporte dans ton univers merveilleux, plein de charme, source de rêves enchantés....
oh oui annie, merci de penser à nous et nous ofrir "ton" là bas...

18/4/10 10:28  
Blogger Annie Ranguin a dit...

oui , c'est tout à fait ça ; la beauté qui nous entoure exacerbe nos sensations de bonheur et si , en plus , nous goûtons aux délices du pays , c'est bien le paradis !

18/4/10 16:49  
Blogger Annie Ranguin a dit...

merci Ana , ton premier commentaire est revenu ! mais ils sont tellement précieux que je garde les deux !

18/4/10 17:05  
Blogger Annie Ranguin a dit...

oui , je pense Martine que ça doit te rappeler de bons vieux souvenirs !

18/4/10 17:05  

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