15 mars 2008

Petites giboulées de mars

Quel doux nom pour cette grisaille de mars !
On n’avait plus l’habitude de lever les yeux au ciel ; de toute façon , un grain ne durait que trente secondes , le temps d’une averse crépitante et aussitôt , le soleil implacable !
Et voilà que je scrute le ciel : gris clair homogène , comme un brouillard dans le ciel : on va pouvoir sortir !
Sur la place de l’Hotel de Ville , je laisse Chouquette courir… Quelques gouttes de pluie quand nous croisons le portrait d’ Ingrid Bettancourt ; je m’arrête et je la regarde :son visage semble mouillé par la pluie qui tombe à cet instant mais ce ne sont pas ces quelques gouttes fraiches qui lui collent ainsi les cheveux sur le front ou qui font luire l’arête du nez , c’est hélas la moiteur de l’enfer vert qui l’emprisonne qui la trempe ,à moins que ce soit la fièvre …Quand cela va-t-il finir ? Je regarde les dalles grises de la place . Une tristesse commence à m’envelopper ; même les jets d’eau sont gris …
Soudain , une odeur fraîche … celle du buis , je ne peux pas me tromper et effectivement de petites feuilles rondes vert- cru auréolent d’une façon hirsute les plants bien alignés des plate-bande : ça pousse dans tous les sens en une anarchie toute joyeuse avant que le sécateur ne vienne les rappeler à l’ordre . Et tout à coup , je suis attirée par toute la gamme de vert que Paris veut bien nous offrir ! ( j’ai l’impression que c’est cette façon de rentrer dans un jeu , dans un rêve qui me sort de la mélancolie… et c’est toujours ainsi …Quelquefois , je me dis que c'est une douce folie...)
Nous traversons le pont , la Seine est verdâtre : ( terre verte + blanc titane ) . Devant l’Hotel Dieu , les arbres sont encore nus : à peine quelques bourgeons , seul celui qui est au coin , face à Notre Dame est plein de jeunes feuilles d’un vert tendre (cobalt+ jaune de cadmium clair ) : bonne exposition ou miracle !
Toujours autant de monde … quelle foire …. Vite , nous nous engouffrons dans le jardin qui longe la cathédrale :à travers la grille qui la ceint ,on aperçoit comme un cimetière de pierre : en effet , là sont entreposées les gargouilles ou ce qu’il en reste , des pierres de taille sur lesquelles se prélassent deux chats noirs : mes « miaou –miaou » éveillent leurs yeux vert (cobalt+ocre+blanc de zinc ) .
Un petit peu de balançoire et nous continuons notre promenade : sur le pont qui mène à l’Ile St Louis , Chouquette est subjuguée par un accordéoniste : ses grands yeux bleus n’en reviennent pas !
On prend notre temps et on écoute .
En face , un orchestre de jazz : décidément Paris offre à tout moment du bonheur .
La Seine est verte . Un hors bord fonce en faisant de grands ronds dans l’eau .
On croise une jolie parisienne rousse , les cheveux bouclés dansant au rythme de son pas : orange !!!
Il me faut trouver la troisième couleur , la complémentaire : ce sera le violet ( outremer + carmin ) des pensées qui brodaient les parterres du jardin de Notre Dame .