29 février 2008

Pointe-à-Pitre


Une dernière ballade à Pointe-à-Pitre ;
Quelques paperasses à régler à Jarry , la ville des affaires : zone industrielle abominable , où l’on trouve tous les temples de la consommation , un traffic assourdissant de 4 fois 4 (ça , je l’ai lu pour la première fois chez LE CLEZIO…) , une vulgarité …. Un seul refuge pour moi , la plus grande librairie de la Guadeloupe avec des libraires comme on aimerait rencontrer souvent : je repars toujours avec une dizaine de livres : c’est bien simple , sur le secrétaire de ma chambre , il y a toujours une pile de bouquins ; à mi-pile , je commence à stresser par crainte d’etre en manque et à l’avant-dernier livre , je cours chercher « ma came » à la Librairie générale …
Par contre , j’adore le cœur de la ville , avec ses rues bordées de vieilles demeures coloniales ; quand je m’y promène , je me vois dans un roman de PEPIN et je jette toujours un coup d’œil chez le coiffeur pour hommes de la rue Vatable : il a l’art de tailler les tignasses afro en coiffures très élaborées . J’aime aussi admirer les tissus , le madras en particuliers ainsi que les rares ateliers de couture et les tenues créoles : ces magnifiques robes que portent les belles antillaises , parfois taillées dans des cretonnes d’ameublement ; je me souviens d’une aux motifs d’agrumes (orange et citron ) ,et cette femme au port de reine !
J’y étais aujourd’hui et , à midi , nous déjeunions chez nos amis Chantal et Raymond ( le poète ) ; la photo de la ville est la vue de chez eux ; et pendant que nous dégustions un « coq sur pied *« des Grands Fonds , Alexandre s’entrainait au piano : la musique de « La leçon de piano » de NYMAN , moment délicieux .
*un coq sur pied vit en pleine nature ,c’est pour cela que la chair est très ferme , surtout les cuisses ! des cuisses de champion de course à pied , pensez ! quand on veut l’attraper , il court plus vite que jamais …pas fou…
Sur ce , je m’arrete d’écrire car dans quelques heures , plus d’ordinateur , il sera emballé !
(je viens de retrouver dans mon ordi , le petit texte qui suit ; encore quelques mots avant de plier définitivement bagage!)
Le 4-3-8
Ce matin- là , j’étais descendue à la plage… pour une dernière fois : fouler le sable , trouver peut-être encore quelque trésor , regarder la mer au-delà de la barrière de corail , cette mer que je retrouverai de l’autre côté , pas tout à fait du même bleu ! ici , j’avais l’habitude de la traiter eu bleu touareg , puis une ligne d’indigo , puis une barre blanche d’écume , enfin le turquoise du lagon (bleu touareg + une pointe de jaune de cadmium clair + un blanc de zinc) Eh bien , je n’aurai juste qu’à ajouter un nuage de blanc titane pour trouver le vert céladon du côté des Sept Iles !
Puis j’ai rejoint tranquillement ma petite case créole toute blanche dans son écrin de verdure …
Ils sont arrivés vers les huit heures , une équipe de trois et se sont dispatché le travail , en vrai pro ! pas de mots inutiles .
L’un s’est approprié le « fragile » , le second , les meubles et le troisième , ce qu’il restait à empaqueter .
A onze heures , je leur ai offert un jus de maracudja puis le travail a repris avec de temps en temps un petit conseil quand j’avais du mal à trouver un contenant pour une de mes poteries : il fallait quelquefois inventer un carton à la forme appropriée ; on serrait une poterie dans un oreiller et on le bloquait dans le carton adéquat ; Petit à petit , ils prenaient un grand soin pour ce qui pour moi était des trésors .
Quartorze heures approchaient et tout le monde était à sa tache : je découvrai dans le réfrigérateur une des dernières denrées, un saucisson que je détaillai en tranches ,accompagné de pain : je leur proposai une petite pause, avec un verre de Bordeaux s’ils le désiraient , mais non …
A seize heures , tout était terminé : la maison était vide avec seule une vieille télé qui proposait un match de foot « Manchester-Lyon « avec un son d’outre-tombe…crach-crach-crach…
La journée se termina devant le poste avec un petit punch pour se donner la forme !

1 Comments:

Blogger rémon a dit...

Pour vous, Annie, Marcel, à la veille de quitter la Guadeloupe, voici ce beau texte d'Homère qui rapporte les paroles et relate les pensées et sentiments d'Ulysse sur le point de regagner son pays après 20 ans d'errance :

Dernier repas et adieux d'Ulysse

On revint chez le roi préparer le repas.
Le vaillant alkinoos fit immoler un bœuf
à Zeus, fils de Cronos.

On en brûla les cuisses et l'on fut à la joie
de ce glorieux festin; puis l'aède divin
que vénérait le peuple, Démodocos, chanta.

Ulysse cependant tournait souvent la tête
vers le soleil brillant, espérant son déclin.
Il songeait à rentrer, à retrouver Ithaque.

Ainsi le laboureur songe à rentrer chez lui
quand il a tout le jour mené dans la jachère
les bœufs tachés de roux qui tirent la charrue.

Et comme il est heureux quand il voit tout là-bas
le soleil qui s'éteint ! C'est l'heure d'aller dîner !
Le voici en chemin, ses jambes lui font mal.

D'un cœur aussi joyeux, Ulysse salua
le coucher du soleil. Et, parlant aux rameurs
et surtout à leur roi, il leur dit ces paroles :

"Seigneur Alkinoos, l'honneur de tout un peuple,
faites aux dieux l'offrande puis reconduisez-moi
sain et sauf au pays, je vous fais mes adieux.

O vous m'avez comblé ! Vous avez accompli
tous les vœux de mon cœur ! Ce départ, ces cadeaux,
puissent les dieux du ciel me les rendre propices !

Et puissé-je au retour, avec l'aide des dieux,
retrouver sains et saufs, ma femme vertueuse
et toute ma famille, tous les êtres que j'aime !

Et vous, qu'ici je laisse, puissiez-vous rendre heureux
vos enfants et vos femmes ! Soyez bénis des dieux !
Qu'à jamais le malheur épargne votre peuple.

(L'Odyssée, Livre XIII)

A 4000 ans de distance, dans les mêmes circonstances, nos sentiments sont restés les mêmes. Vous partez pour Ithaque, remplis de la même émotion qu'Ulysse. Heureux de retrouver bientôt vos enfants et petits enfants. Et nous qui restons, le cœur serré, nous tâcherons de continuer à rendre heureux nos proches, avec l'espoir vivace de vous retrouver prochainement dans votre nouvelle patrie.

Que les dieux vous bénissent et nous gardent toujours votre amitié!

Raymond Chantal Alexandre.

29/2/08 22:50  

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