08 mars 2009

Les amis

Trente trois ans , l’age du Christ
Je la connais depuis ce temps
Nous étions en soixante seize
Sur un volcan
qui n’en finissait pas de cracher des cendres
tellement de cendres
que nous dûmes quitter la maison
et partir loin
car dans cette île quand on souffre
tout le monde nous aide
à souffrir encore plus
quand on cherche un abri
il y en a toujours un
mais à quel prix !
il faut souffrir pour ne plus souffrir
entraide – entraide
quand tu nous laches …*

et nous sommes partis
les trois petits sous le bras
pour un avenir meilleur
nous avons atterri
en Côtes du Nord
et c’est là qu’un jour ils sont arrivés

Emile et Anne
proposer leur aide .
sur le départ vers cette belle île au soleil
ils nous rapporteraient des valises de linge
laissées là-bas faute de pouvoir revenir

dans la ville interdite , couverte de cendres
et devant cette générosité
cette bonté
nous ne nous sommes plus quittés
l’amitié de ce couple ne nous a jamais lachés
nous pouvons le dire
nous faisions partie de la famille
et eux aussi
étaient de tous les grands évènements de notre nouvelle vie
et puis , longtemps après
quand nous sommes repartis
dans cette île
mais loin du volcan
ils sont arrivés les premiers
nous voir
tiens , comme par hasard
l’île souffrait d’une grève générale
ma seule et grande angoisse était
ne pas pouvoir quitter cette terre si un jour …
je voulais revenir en Côtes d’Armor
alors il est allé me chercher un jerricane rempli d’essence
que j’ai gardé toujours rempli
au cas où…
n’avais-je pas eu une chance inouie
un jour

de pouvoir prendre un avion
en pleine grève de carburant
grâce à la voiture de fonction
du mari d’une amie
traverser la Grande Terre , avec chauffeur ,alors que le long des routes se dessinaient des files de pauvres bougres avec des bidons …

il est parti il y a quelques mois

la dernière fois que je l’ai vue
je savais que c’était la dernière
« ne m’oublie pas «
m’avait-elle dit
il y a un mois et quelques
et hier soir, elle est partie



*l’histoire se répète et se répète à la Guadeloupe ; un chose est sûre : l’avidité des uns est exponentielle à la douleur des autres

1 Comments:

Anonymous Anonyme a dit...

amitié, amitié sincère, précieuse amitié... fil rouge de la vie tendu entre chagrins et bonheurs.

12/3/09 16:04  

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