25 mars 2007

Le Harem

Aujourd’hui, nous avons fêter l’anniversaire d’un cousin. Tout était prêt : le gâteau sentait le chocolat chaud, le champagne pétillait et le fêté prêt à souffler ses bougies. Mais, sur 9 personnes, on comptait 5 femmes et, aux Antilles, 5 femmes entre elles font des étincelles.

Après le rituel du « ♫ joyeux anniversaire ♫ » et « Oh ! Quel délicieux gâteau !! » les choses sérieuses commencèrent.
« -Dis donc, Caroline, qu’est-ce qu’ils brillent tes cheveux !
- Ah, ça, c’est mon secret … et l’Oréal !;je ne le trouve qu’en Métropole.J’en ramène un stock ou alors c’est Cathie qui m’en prend car elle voyage plus souvent que moi . Mais le bonnet à mèches, tu peux le trouver au coin de la rue chez American Fashion , tu sais ,près de l’église !
- Et tes ongles de pieds, tu fais ça comment ?
- Ça s’appelle du « nail art », si tu veux , je peux te faire la meme manucure ou alors , on peut demander à l’esthéticienne de Maman…
- Comment ça Tatie (60 ans), tu as une esthéticienne ?
- Mais oui,je prends rendez-vous pour mon soin annuel … »
Inutile de préciser que les femmes avaient pris les places stratégiques afin que les hommes ne puissent pas saper la conversation par un éventuel « qu’est ce que ça a donné Lens-Marseille ? ». Finalement, quel héroïsme d’avoir passé l’après-midi sans dire un mot, cois, immergés dans ce harem, cernés par les Oncidium et les Phalaénopsis en pleine floraison.Mais du melting-pot qu’est la famille ,rien ne m’étonne,ayant toujours la douceur masculine indienne en majorité ! Ils aiment leurs petites maharani
Je dois avouer que le coté féminin de la famille a l’habitude de prendre les renes et les hommes n’ont pas le droit à la plus petite défaillance : c’est pour cela que parmi les cadeaux , on comptait un gel facial pour le cousin , caro s’étant rendu compte la veille que son cher Toto ,fraichement débarqué de métropole avait le visage légèrement déshydraté !
La petite de 11 mois n’en perdait pas une miette. Tatie lui a même déniché un petit sac rose pour aller écouter Monseigneur à la messe ; et, après être passée de bras en bras, bisoutée, papouillée, guili-guilitée, c’est à son sujet que s’est terminé l’après-midi : les cousines sont allées lui cueillir des feuilles de corossol à malaxer dans son bain, ceci, afin de calmer ses petites angoisses nocturnes…
Tous ces bons moments passés dans ma famille indienne me font réaliser comme il est bon d’être femme aux Antilles ,de ne pas se prendre la tete ,de savoir etre un peu superficielle : et, ce soir, je sais qu’en m’endormant, je ne pourrai m’empêcher d’esquisser un sourire en pensant qu’aujourd’hui, on ne dit plus « manucure » mais « nail art »… (b. )

1 Comments:

Anonymous Anonyme a dit...

22 Mai 2007
Annie,
Je termine aujourd’hui la lecture d’un livre à mes yeux exceptionnel : Loin de Chandigarh de l’écrivain indien Tarun J Tejpal. Il y aurait tellement de choses à dire sur ce roman que je ne sais pas par quel bout commencer.
C’est l’histoire très mouvementée d’un jeune couple d’intellectuels passionné d’amour et de sexe dans l’Inde des années 1990. La première phrase donne d’ailleurs le ton de cette épopée sentimentale et charnelle qui ne finit pas aussi tristement qu’on pourrait le supposer: « L’amour n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est le sexe ». Et si le titre français fait exotique, le titre original, plus réaliste, The alchemy of desire, traduit davantage le contenu du livre. Tous les ingrédients, en effet, de cette alchimie qui fait que deux êtres se complètent de façon si fusionnelle pour finir par s’éloigner progressivement l’un de l’autre sont exposés et analysés avec une finesse et un brio époustouflants. Sur fond d’histoire, de religion et de culture hindoues – dont il n’approuve pas toutes les facettes - , l’auteur nous transporte du New Delhi d’hier et d’aujourdhui au Chicago du début du siècle en passant par Londres et Paris de la même époque.
Tout en nous dévoilant la montée en puissance et le déclin de sa propre passion sentimentale et sensuelle, le narrateur met en scène d’autres couples par le truchement de la lecture de carnets intimes d’une américaine très libérée venue s’installer en Inde vers les années 20, s’étant éprise d’un prince Hindou, pétri de philosophie occidentale et banni par sa famille…
C’est d’ailleurs la découverte de ces carnets dans une vieille maison à retaper achetée par le narrateur et sa jeune épouse qui marque un tournant dans leurs relations et finit par les perdre. Mais, à la longue, la solitude et le manque d’amour se faisant sentir, on comprend que la séparation n’est que provisoire et que peut-être le couple finira par se reconstituer. La dernière phrase du livre, prenant l’exact contre-pied de la première, nous laisse entrevoir en tout cas la possibilité de retrouvailles imminentes : « Le sexe n’est pas le ciment le plus fort entre deux êtres. C’est l’amour ».

L’auteur, né en 1963, est un journaliste d’investigation très engagé dans son pays contre la corruption des politiciens locaux et les scandales à répétition de la classe dirigeante. Il est actuellement menacé de mort. Son amour de la nature et sa connaissance de la végétation tropicale, des arbres en particulier, n’ont d’égal que l’humour et l’ironie avec lequels il fustige certains travers de la société indienne. Le portrait du vieux nawab et les aphorismes qu’il invente et inscrtit sur son carnet – et qui servent de principes d’éducation à son peuple - valent leur pesant de roupies. J’ai beaucoup apprécié et pris de nombreuses notes.
LdP N°30760. Traduit de l’anglais par Annick le Goyat.
Amitiés
Raymond

22/5/07 18:59  

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